De la traduction à l’apprentissage des langues
⏱ 2 minLes techniques de traduction automatique pourraient être utilisées pour améliorer notre apprentissage des langues étrangères.
La traduction automatique a fait des progrès incroyables, notamment depuis l’introduction de méthodes basées sur les réseaux de neurones, plus efficaces que les techniques basées sur des approches probabilistes. C’est l’une des applications d’un vaste domaine de recherches, le traitement automatique du langage naturel (Natural Language Processing, ou TNL), à la frontière de la linguistique, de l’informatique et de l’intelligence artificielle. Mais les logiciels de traduction partent du principe que l’on ignore totalement la langue que nous souhaitons comprendre. Or, souvent, nous avons quelques bases, comme des réminiscences scolaires en partie oubliées. Ou bien, nous sommes capables de comprendre et nous faire comprendre sans être toutefois parfaitement bilingues. C’est cette situation de « multilinguisme partiel » qui intéresse François Yvon, professeur au Laboratoire d’informatique pour la mécanique et les sciences de l’ingénieur (Limsi) à l’université Paris-Sud.
Des dispositifs de médiation multilingue
« Je souhaite développer des systèmes de traduction adaptés à la connaissance de chacun, qui nous aident à nous améliorer dans une langue étrangère, indique le chercheur. Un peu comme quand on lit les sous-titres d’un film en VO pour mieux comprendre les dialogues. » Cet outil sera la suite du projet Transread, un projet financé par l’Agence nationale de la recherche, destiné à faciliter la lecture de textes et leur traduction, par exemple sur liseuse. Il suffit de cliquer sur un mot pour voir sa traduction adaptée au contexte. Le projet Transread s’est achevé en septembre 2016 et a donné naissance à un prototype opérationnel sur une liseuse. Il manque cependant la « librairie », c’est-à-dire la base de données de textes traduits sur lesquels repose la traduction automatique. Sans elle, pas de traduction possible.
François Yvon souhaite poursuivre ce projet en personnalisant la traduction, afin que le lecteur n’ait même plus à cliquer pour obtenir la traduction dont il a besoin : la liseuse traduirait d’elle-même les mots ou les expressions difficiles, selon les demandes précédentes du lecteur. D’où une lecture plus simple et plus fluide.
Il ne s’agit pas juste de repérer et traduire les mots compliqués. « On pense souvent la traduction comme une correspondance entre mots, rappelle François Yvon. Or, si c’est assez vrai entre le français et l’anglais, ça l’est moins pour d’autres langues, comme le chinois, le turc, ou l’allemand. Il faut souvent prendre en compte des groupes de mots, voire des phrases entières. » Le repérage de ces unités de traduction s’appelle l’alignement, et c’est un point clé de la démarche d’apprentissage.
François Yvon cherche actuellement des financements pour développer le produit en collaboration avec des ingénieurs, afin de produire un prototype susceptible de convaincre les acheteurs, comme les professionnels de la relecture de traduction ou les spécialistes de l’apprentissage des langues.